Wednesday 6 October 2010

WOW Cap Istanbul: Words with the Group



At the finish of the third leg of the WOW Cap Istanbul, not much more than an hour separated the last competitor from the leader of the race. This is witness to the intensity of the leg which was not foreseen, neither by the men, nor by their mounts... Even if it is often the same people that monopolize the outposts, the men at the back are the salt that provide taste to the dish

A l'arrivée de la troisième étape de la WOW Cap Istanbul, à peine plus d'une heure séparait le dernier concurrent du leader de la course. Un écart qui témoigne du niveau d'intensité d'une étape qui n'aura pourtant ménagé, ni les hommes, ni les montures... Même si, bien souvent, ce sont les mêmes qui trustent les avant-postes, les hommes de l'arrière sont le brin de sel qui donne tout son goût à l'épreuve



Image copyright Jacques Vapillon/www.jacquesvapillon.com

by Marie Le Berrigaud-Perochon

« Et nous les obscurs, les sans-grade... nous ne l'étions pas peut-être, fatigués ? » A l'instar des grognards de l'Aiglon, les habitués de la deuxième partie de peloton subissent autant, si ce n'est plus, que les hommes de tête, les traces que laissent forcément des étapes longues, à l'issue d'une saison particulièrement dense. Le plus souvent, ils n'ont pas de gros budgets, ont réussi à prendre le départ avec trois francs six sous, un bateau préparé trop rapidement, un manque évident d'entraînement par rapport aux ténors. Pour beaucoup d'entre eux, c'est le temps des apprentissages et des remises en cause, étapes le plus souvent nécessaires pour pouvoir demain espérer tutoyer les podiums. Ils savent que plusieurs grands noms de la course au large sont passés par là avant de connaître la gloire et n'oublient pas de rappeler, à juste titre, que sans eux la course n'aurait pas la même raison d'être. Portraits de quelques destins croisés...

Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), radical

Même avec sa septième place de la troisième étape, n'attendez pas de Jean-Pierre Nicol de rester calé confortablement au creux du peloton, ce serait forcer sa nature. L'homme est plutôt du genre à tenter des coups osés, parfois à la limite du raisonnable. Question de tempérament bien sûr, mais aussi peut-être d'analyse des moyens. Pour pouvoir espérer rivaliser avec les premiers, il faut des heures et des heures d'entraînement, une préparation matérielle optimisée. Lutter pied à pied sur la vitesse devient difficile, alors l'option solitaire est bien évidemment tentante. Et ne manque pas de panache.

Arnaud Godard-Philippe (Senoble), la remise en cause

« Je paie mon manque d'entraînement en groupe, de n'avoir pas pu me comparer avec les autres». Quand il voit les résultats de toute la petite bande de Port-la-Forêt, Arnaud Godard-Philippe se dit qu'il va devoir changer son fusil d'épaule. Lui qui a la chance d'avoir un partenaire qui le suit depuis deux ans, a donc décidé de prendre son destin en main en changeant radicalement son approche la saison hivernale. « J'ai peut-être passé trop de temps sur la préparation de mon bateau et manqué de repères sur l'eau... » D'autant que quand on navigue seul, il est facile de se dire que tout va bien. Seule la confrontation sans concession permet de savoir où l'on en est. L'hiver prochain, Arnaud devrait partir s'entraîner avec le Pôle France de Saint-Gilles Croix de Vie... Au risque de sévères remises en cause qu'il espère salutaires.

Damien Cloarec (Port de Plaisance de Roscoff), rendre la confiance donnée

Damien Cloarec sait ce qu'il doit à ses partenaires pour être présent sur les lignes de départ de cette saison 2010. Il a, chevillée au corps, cette envie de pouvoir rendre une part du crédit que lui ont accordé, les institutionnels qui l'ont suivi mais aussi, d'autres plus anonymes, qui dans l'ombre, le soutiennent avec conviction. Alors, pour sa première année sur le circuit Figaro Bénéteau, Damien voudrait pouvoir d'entrée leur montrer qu'ils ont eu raison... Mais faire son trou dans un circuit aussi exigeant n'est pas forcément une évidence. En attendant des résultats à la hauteur de son potentiel, le skipper de la baie de Morlaix ronge son frein. Il peut toujours se rappeler qu'avant lui, des navigateurs de son coin, tels Jérémie Beyou ou Nicolas Troussel, ont attendu plusieurs années dans le ventre mou du classement avant d'exploser au grand jour. Tout vient à point pour qui sait attendre.

Louis-Maurice Tannyères (ST Ericsson), défense de l'amateur

Loupi, comme tout le monde le surnomme, est l'archétype de l'amateur pur venu sur le circuit Figaro Bénéteau pour découvrir et apprendre. Débarqué en 2008 sans véritable expérience de la régate en solitaire, Louis-Maurice Tannyères, tout en continuant sa mission de cadre dirigeant pour une grande société de téléphonie, a enquillé les étapes du circuit, collectionnant dans un premier temps les lanternes rouges. Et puis, l'expérience aidant, il a appris à optimiser les réglages de son bateau, à gérer le manque de sommeil, à fluidifier ses manœuvres. Il ne revendique en aucun cas l'ambition d'aller un jour au contact des meilleurs et se satisfait juste quand le temps d'un bord de près, il passe dans le trio de tête la bouée de dégagement : « On sait ce que ça vaut, ce genre de performance, quand on ne le répète pas», relativise-t-il.

WOW Cap Istanbul