Sunday 30 January 2011

TJV: Chaleur et Ralentissement Africains


On board Populaire V. Image copyright BPCE.

par Viriginie Bouchet

Troisième jour de mer dans ce Trophée Jules Verne et changement de décor au large de la Mauritanie pour Pascal Bidégorry et ses hommes. La fraicheur de l'accueil au large du Cap Finisterre est à présent bel et bien dans le sillage du Maxi Banque Populaire V qui entre dans le vif d'un sujet à présent dominé par des vents mollissant et un mercure en hausse du côté des températures. Avec plus de 280 milles d'avance sur le tableau de marche, le Maxi Trimaran poursuit sa belle entrée en jeu et maintient sa moyenne. Mais en la matière, la suite du menu devrait s'alléger nettement, quitte à mettre les nerfs des marins en pelote. En attendant, on profite de l'instant présent et de cette vie à bord qui s'organise à quatorze dans une harmonie évidente.

A un peu plus de 500 milles au large du continent africain et plus précisément de la Mauritanie, le Maxi Banque Populaire V continue de gagner du terrain sur le temps de référence du Trophée Jules Verne, bénéficiant toujours d'un flux actif généré par la dépression située sur les Canaries. Dans un vent de secteur Nord soufflant à 15 nœuds et annonçant une rotation Est Nord-Est dans la journée et un nouvel empannage, le trimaran géant trace sa route dans la descente vers le premier point de passage intermédiaire, l'équateur.

A bord, la température est montée d'un cran et les vestes de cirés ont déserté le pont, sous l'effet du thermomètre et d'une activité décrite ce midi par Pascal Bidégorry comme très studieuse : "Depuis ce matin nous constatons un gros changement de température. Cette nuit on était encore en ciré et ce matin il fait une de ces chaleurs... c'est de la folie ! On a pas mal bossé pour envoyer de la toile, changer de gennaker. On est entrain d'avancer le matériel dans le bateau pour recentrer les poids parce qu'on a en moyenne 15 nœuds de vent alors que toute la nuit on avait entre 22 et 24 nœuds. Mais c'était prévu, on descend vers le chaud, il y a un peu moins d'air. Depuis qu'on est parti, on n'a pas trop traîné en route même si depuis hier on a un peu navigué avec le vent pile dans notre axe, donc à faire des empannages qui nous rallongent un peu la route. On est plutôt obnubilé parce que qui va se passer dès demain et par le Sud qui ne s'annonce pas extraordinaire pour l'instant. Il va falloir qu'on ait un peu de réussite parce que ça va être compliqué je pense. Mais c'est sûr qu'il y a eu du très bon boulot de fait par tout l'équipage depuis le départ !".

Prendre de l'élan pour l'équateur

La dépression située au niveau de Canaries et objet de toutes les attentions depuis ces derniers jours n'a en effet pas fini de jouer des tours aux chasseurs de record qui vont devoir prendre leur mal en patience pendant les prochaines heures et composer dans leur descente vers l'équateur avec un régime d'alizés perturbé. La frontière symbolique entre hémisphère Nord et hémisphère Sud devrait être franchie au sixième jour de mer. Autre point critique à négocier, l'anticyclone de Sainte-Hélène devrait lui aussi jouer avec les nerfs de l'équipage tant le nombre de milles consacré à son contournement pourrait constituer un handicap plus ou moins prononcé.

Une situation qui n'empêchait pas Pascal Bidégorry de faire preuve d'une bonne dose d'humour à l'occasion de la vacation vidéo hebdomadaire organisée en direct de la Fédération Française de Voile à Paris : "La mer est plate, c'est sympa. C'est plus que sympa et je trouve même qu'il en manque un peu ! L'équateur ? Il va falloir y aller avec de l’élan. On essaie d'ailleurs d'en prendre un maximum et de travailler dessus...On va être amené à empanner à peu près dans l'axe de la dorsale qu'il y a sous la dépression. Dans la soirée ça va mollir et on va se retrouver sur un bord très rapprochant, direction plein Sud. Mais il faut se dire que les deux journées à venir vont permettre de recharger les batteries à bloc même si j'ai le sentiment qu'on est plutôt en forme. C'est nerveusement que ça va être difficile... Quand ça manque un peu d'air c'est toujours délicat de faire avancer un gros bateau comme ça ! ".

Faire contre mauvaise fortune bon cœur, voilà donc bien la philosophie appliquée en ce moment à bord du Maxi Banque Populaire V. Particulièrement conscients du fait qu'à l'échelle d'un tour du monde, les écarts se font aussi vite qu'ils se creusent, les quatorze hommes du bord achèvent de prendre leurs marques dans un bonheur partagé d'être en mer et d'écrire enfin cette aventure attendue.

Record à battre
Pour devenir nouveau détenteur du record, le Maxi Banque Populaire V devra être de retour au plus tard le 11 mars 2011 à 19 heures 55 minutes 37 secondes (heure de Paris).

Temps de référence
Groupama 3 (Franck Cammas) : 48j 7h 44min 52s

Avance/Retard à 16h00
271 milles d'avance par rapport au temps de référence

Banque Populaire V