Sunday 10 July 2011

Tour de France à la Voile : Courrier Dunkerque Garde Le Cap


Courrier Dunkerque. Image copyright JM Liot/TFV

par Tanguy Blondel

Les dunkerquois du voilier « Courrier Dunkerque » engagé sur le Tour de France à la voile terminent deuxièmes, aujourd’hui, à 15h00, de l’étape de ralliement entre Saint-Quay Portrieux et Vannes au terme de plus de 30 heures de mer dans des conditions musclées de navigation. Impérial équipage de « Courrier Dunkerque » qui garde la tête du classement général provisoire de l’épreuve et réalise ici une performance de haut niveau.

Une étape difficile

30 heures dans des conditions de vent et de mer forte, voilà ce que les marins dunkerquois ont enduré ces derniers temps. Le Tour de la Bretagne est classiquement un gros morceau du Tour de France à la voile. L’équipage de « Courrier Dunkerque » a rempli sa mission en amenant son M34 en haut des différents pointages de la course.

La partie n’a pas pour autant été facile. Tenir son voilier en équipage plus de 80 milles au près dans une mer désordonnée et non loin des passages côtiers du raz de Sein ou du chenal du Four n’est pas une sinécure. En tirer le maximum ensuite de la pointe bretonne à l’arrivée au portant n’est pas non plus de tout repos. Les hommes de « Courrier Dunkerque » sont habitués à ces navigation mais ils avaient les traits tirés cet après-midi et les yeux rougis par le sel de l’atlantique.

« La mer était moins forte que prévue » déclare Daniel Souben. « Le vent a beaucoup bougé dès le début de la course. Il ne fallait rien lâcher malgré des soucis récurrents avec des algues se prenant dans les appendices de notre bateau. Nous gardons nos adversaires directs derrière nous. C’est bon » !

Antoine Carpentier, régleur à bord du voilier de l’association Dunkerque Plaisance » avait le sourire à l’arrivée, satisfait le trinitain d’avoir terminé deuxième après une étape pleines de rebondissements. « Les bretons de Crédit Mutuel avaient une belle avance. Nous sommes revenus dans la nuit grâce à une bonne vitesse. Nous avons connu toutes les allures, une étape physique ».

Souben, l’imperturbable !


Daniel Souben. Image copyright JM Liot/TFV.

Daniel Souben est le skipper – Manager de l’équipage du M34 « Courrier Dunkerque » depuis 2006. Avec des victoires sur les Tour de France à la voile 2008 et 2009, les championnats de France des équipages des trois dernières années, le champion du Monde Farr 30 2010, ce régatier expérimenté a réussi à emmener son équipe en haut des classements français de la course au contact et côtière. Vannetais d’origine, dunkerquois d’adoption, il passe aujourd’hui et demain dans son port natal à l’occasion de la venue du Tour de France. Portrait d’un régatier discret, attachant, fédérateur et pointilleux...

La joie de Daniel Souben à l’arrivée du Tour de France à la voile 2009 à la Seyne-sur-Mer était belle à voir. Fruit d’un travail d’équipe intense depuis 2006, les hommes de « Courrier Dunkerque » entraient dans l’histoire de la Classe des Farr 30, anciennement Mumm 30, en remportant pour la seconde année consécutive le Tour de France à la voile, cette compétition qui colle tant à la peau des dunkerquois puisqu’ils l’ont gagné trois fois à la fin des années 70 et organisent le départ depuis des lustres. Bonheur renouvelé en 2010 avec une troisième victoire consécutive au Championnat de France des équipages et au Championnat du Monde de la spécialité !

Et pourtant, les victoires à la voile, Daniel Souben les connaît bien. Depuis sa tendre enfance aux côtés de son père et de son frère, les deux Pierre, le skipper de « Courrier Dunkerque », au front dégagé, aux qualités fédératrices reconnus, à la voix douce, a écumé bien des mers et barré de multiples voiliers.

Dès 7 ans, il navigue sur le Requin ou le 5,5 M J familial dans le golfe du Morbihan non loin de Vannes, sa ville d’attache. Un plan d’eau qui devient très vite le terrain de jeu des frères Souben entrés dès 10 ans dans le grand bal de la voile française de haut niveau. Tout d’abord en 420 pour les régates de club puis départementales, nationales et internationales.

En 1973, la paire termine cinquième de leur premier championnat de France à Hyères. De sacrés espoirs, ils sont détectés par la fédération. A 17 ans, ils sont seconds du Championnat du Monde Senior et troisièmes du Championnat du Monde Junior. Pierre raccroche. Daniel entame avec Michel Kermarec, aujourd’hui l’un des grands spécialistes des appendices de voiliers, une carrière en 470, cette unité imaginée par André Cornu.

Au sein de l’Equipe de France Olympique, Daniel et Michel échouent aux portes de la sélection olympique aux JO de Moscou. En 84 avec Luc Le Vaillant, même chose pour les JO de Los Angeles mais beaucoup d’expérience accumulée et la certitude pour le jeune régatier Souben qu’il veut en faire son métier.

85 et 86, jeune homme droit dans ses bottes et passionné, Daniel étudie à l’INSEP, professeur de gym devient-il. Il trouve le temps, tout de même, de faire ses premiers pas en petits multicoques de sport. Bluffé par ces voiliers à deux coques, désormais intégré à l’Ecole Nationale de Voile de Quiberon, il redémarre à zéro une campagne olympique avec Yves loday, cette fois en Tornado. Un titre de champion de France et de vice-champion d’Europe récompense leurs efforts alors qu’en 88 Nicolas Hénart et Yves Le Deroff raménent à la France une médaille d’or des Jeux Olympiques de Séoul. Les déplacements s’enchaînent à l’international. Daniel commence peu à peu à prendre le goût du large et s’essaie aux grands multicoques océaniques à bord de « Jet Service » du regretté Daniel Gilard, puis « Elf Aquitaine » de Jean Maurel, « Primagaz » de Laurent Bourgnon, « Haute-Normandie » de Paul Vatine puis avec Francis Joyon, Loick Peyron, Lalou Roucayrol ou encore Fred Le Peutrec. En somme, Daniel vit à la fin des années 80 puis dans les années 90, l’époque faste des trimarans de 60 pieds, voiliers modernes ultra compétitifs et la richesse de plusieurs préparations Olympiques, très haut niveau au contact des meilleurs régatiers internationaux.

Au fil de ses navigations, Souben cultive également son sens viscéral de la transmission de savoir-faire. Les jeunes vannetais de l’Extrême Team Morbihan en savent aujourd’hui quelque chose. 2005, le Lillois Géry Trentesaux l’appelle à la rescousse pour entraîner la nouvelle équipe de « Courrier Dunkerque ». Suivent un apprentissage en 2006 et 2007 du Farr 30, du travail à terre et sur l’eau avec le soutien de l’association « Dunkerque Plaisance » présidée par Jacques Dussart et deux victoires retentissantes, un triplé, un bon début de saison 2010 à bord du nouveau bateau du TFV, le M34, qui font de l’affuté Souben et son équipage, des hommes à battre !

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Tour de France à la Voile