Tuesday 16 April 2013

Solo Arrimer : 34 Heures de Lutte Intense


Podium de la course:
1/ Morgan Lagravière (Vendée)
2/ Thierry Chabagny (Gedimat)
3/ Yann Elies ( Groupe Queguiner - Leucémie Espoir)

by Solo Arrimer media

En franchissant en tête à 21 h 48 la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne, Morgan Lagravière (Vendée) remporte la 11ème éition de SOLO ARRIMER. Il a parcouru les 305 milles du parcours en 1 jour 9 heures 40 min et 43 sec à la vitesse moyenne de 9,06 nds. Le podium est complété par Thierry Chabagny (GEDIMAT) et Yann Eliès (GROUPE QUEGUINER Leucémie Espoir).

En remportant cette épreuve à domicile, le jeune Champion de France de course en large en solitaire 2012, 5ème de la précédente édition, aura une fois de plus surpris ses concurrents par sa rapidité. Après 34 heures d’une course de vitesse entre les Sables d’Olonne, les îles d’Yeu, de Ré et Belle-Ile, Morgan Lagravière, aux avant-postes dès le début de l’épreuve à bord de Vendée, a su faire le break au milieu de la nuit de jeudi à vendredi lors de la remontée vers la Bretagne lorsque le vent a forci comme annoncé. Morgan est le premier de la flotte à envoyer son solent, lui évitant ainsi la manœuvre dans un vent fort. Une anticipation qui lui permettra de gagner du terrain face à ses concurrents. Une légère avance, associée à sa capacité à faire avancer vite le bateau dans ces conditions musclées qu’il apprécie, qui lui permettront de prendre la tête de la course et ce jusqu’à l’arrivée hier soir. « ll ne faut pas lui laisser un cm2 de marge de manœuvre car dès qu’il a l’opportunité, il corrige » précisait hier soir Yann Eliès (Groupe Queguiner Leucémie Espoir) à son arrivée en 3ème position, à 13 minutes de Morgan et à peine une minute après Thierry Chabagny (Gedimat).

Objectif atteint pour ces deux skippers contraints récemment à l’abandon sur la Transat Bretagne-Martinique ! A leur arrivée au ponton à Port Olona, tous deux étaient satisfaits de leur course qu’ils ont qualifiée de « régate de tout droit, rapide avec des conditions très difficiles ». Ils complètent avec brio le podium de la Solo Arrimer 2013. Au contact toute la journée de vendredi, Thierry Chabagny a pu prendre l’ascendant sur Yann à l’occasion d’un gros grain et le précède alors d’une petite minute sur la ligne d’arrivée.

Au vu du spectacle offert par les 26 concurrents de la Solo Arrimer cette semaine, il faudra s’attendre à une belle bataille sur la prochaine Solitaire du Figaro – Eric Bompart Cachemire au mois de juin. Il faudra compter sur le top 15 de la Solo Arrimer parmi lesquels Nicolas Lunven (Generali), Jérémie Beyou (Maître Coq), Armel le Cléac’h (Banque Populaire) ou encore Fred Duthil (Sepalumic), Paul Meilhat (Skipper MACIF 2011), Michel Desjoyeaux (TBS) mais aussi Xavier Macaire (Skipper Hérault), récent vainqueur de l’Icom Cup, première course de la saison en méditerranée.

Au classement Bizut, c‘est le jeune anglais Jack Bouttell (Artemis 77) qui arrive en tête, en se positionnant 16ème au général, 1h10 après le vainqueur de l’épreuve. Il devance ainsi Ed Hill (Artemis 37) et l’irlandais David Kenefick (Full Irish). « Mon départ n’a pas été excellent, mais une fois que je me suis bien positionné, j’ai foncé bille en tête et navigué aussi vite que je le pouvais jusqu'à l'arrivée … pour faire sauter un bouchon de liège pour la première fois ! ». Pour une première course en Atlantique, c’est une réussite !

Morgan Lagravière (Vendée), vainqueur de la Solo Arrimer 2013
« Je me suis appliqué à bien naviguer et à me concentrer sur mon bateau plutôt que de surveiller le reste de la flotte. On a vite tendance sinon à avoir la tête qui part dans tous les sens. Typiquement sur une course comme celle-ci, il n’y avait pas de grosse option météo, mais des petits coups à faire. C’est une course de vitesse où il s’agit de faire marcher le bateau plutôt que de se creuser la tête, et c’est le genre de configuration que j’apprécie. A partir du moment où il y a des vagues, je me sens mieux que les autres. J’ai moins d’expérience en météo mais pense savoir faire avancer très vite mon bateau dans ce type de conditions. Là je suis un peu décalqué… Je n’ai pas du tout dormi ! Quand on part pour 36 heures, on ne dort surtout pas, on reste à la barre, surtout dans ces conditions. C’est peut-être ce qui a fait la différence…
En deux ans, j’ai beaucoup appris, j’apprends toujours et j’apprendrais encore. Je suis conscient que même si j’ai le n°1 dans la voile et que j’ai fait une belle saison l’année dernière, rien n’est jamais acquis. Et pour être performant dans la durée, il faut continuer à être travailleur, essayer de progresser, apprendre des choses sur l’eau, accepter parfois de faire des erreurs. Les courses sont plus disputées que l’année dernière, le niveau est monté d’un cran. La Solitaire, ça va être super. Les marins capables de faire de belles manches, il y en a une vingtaine ! Chaque course à venir va être dure ; mais c’est aussi excitant. »

Thierry Chabagny (Gedimat), 2ème de la Solo Arrimer
« J’étais 500 mètres derrière Yann pendant toute la journée, et puis j’ai eu un petit coup de chance, un petit grain, une risée qui m’a poussé et j’ai pu le dépasser et le contrôler jusqu’à la ligne. Les deux tours de l’Ile de Ré et les passages sous le pont, c’était vraiment très sympa : beau temps maniable et une jolie vue [rire]. Par contre, les aller / retour express Vendée / Bretagne, c’était une tuerie : vent fort, grosse mer, vent de travers (reaching). Les vagues viennent taper contre la coque et tu es trempé en permanence. J’ai dormi une trentaine de minutes sur le retour, après la bouée Goué Vast Sud que j’ai passé en tête avec Morgan juste derrière moi. J’avais un petit coup de mou. Quand je me suis réveillé, Morgan était devant et il s’est échappé ! C’est un extraterrestre ! C’est un garçon méticuleux, très bon barreur avec beaucoup de talent. Il nous a mis un caramel en nous collant 2 miles en 2 heures. ça a un peu châtaigné aussi avec Yann et les autres de Portlaf’, ainsi qu’avec Xavier Macaire qui s’est invité. Je suis assez content de ma course. J’ai passé quelques marques en tête, et j’étais en tête sur toute la section PA Goué Vast Sud vers la Bretagne. Je suis content d’être 2ème … bon j’aurai aimé être premier mais, on est en Vendée, alors je fais premier Breton ! C’était sympa mais c’était dur, ce n’était pas très long mais je suis cassé … Est-ce que c’est parce que c’est la première de la saison ou le poids des années [rire] ? »

Yann Eliès (Groupe Quéguiner Leucémie Espoir), 3ème
« L’année dernière, je fais 2ème place derrière un Vendéen à la Solo Arrimer ; aujourd’hui je fais 3ème, toujours derrière un Vendéen… C’est de bon augure pour la Solitaire, même si l’on voit que le petit jeune progresse encore et encore. Il ne faut pas lui laisser un cm² de marge de manœuvre parce que dès qu’il en a l’occasion, il nous corrige ! C’était des conditions difficiles quand même, c’était court mais intense, ça s’est joué surtout à l’engagement : Morgan n’a jamais dormi… Moi j’ai dormi un peu et le décalage qui s’est créé, je n’ai jamais réussi à le combler. Mais je suis dans le coup ! En plus avec le retour de Jérémie Beyou, Armel Le Cléac’h, Michel Desjoyeaux, ça a ajouté du niveau à l’affaire. Continuer à être aux avant-postes comme l’année dernière, c’est bien. Je suis plutôt satisfait. Morgan a une grosse faculté à trouver tout de suite les bons angles pour faire avancer le bateau très vite. Si tu as le malheur de tâtonner un tout petit peu, tu restes derrière. En stratégie, il ne fait pas beaucoup d’erreurs non plus. Ce qui m’impressionne le plus chez lui, c’est cette faculté à faire avancer le bateau rapidement. C’est inné chez lui. Vendredi après-midi, on a pris un grain et là il nous a collé un mille de plus… qu’on n’avait vraiment pas mérité [rire]. »

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